Discussion:
Värttinä - De la lointaine Carélie au "Seigneur des Anneaux"
(trop ancien pour répondre)
Frederic Gerchambeau
2006-02-15 23:28:55 UTC
Permalink
Värttinä - De la lointaine Carélie au "Seigneur des Anneaux"
Ecrit par Frédéric Gerchambeau
***@wanadoo.fr

Pour se rendre sur mon site "Il n'est jamais trop d'Art..." :
http://perso.wanadoo.fr/frederic.gerchambeau/index.htm
Pour lire mes autres "Souvenirs... Souvenirs..." :
http://perso.wanadoo.fr/frederic.gerchambeau/2s-1.htm

///////////

Vu de France, des noms de groupes comme Garmarna, Hedningarna ou Värttinä ne
disent franchement rien. Ils sont pourtant dans leur genre, en Suède et en
Finlande, l'équivalent d'un de nos Alan Stivell ou Tri Yann. Voilà une
excellente raison de nous intéresser à l'un de ces groupes, Värttinä, qui
vient justement de sortir son nouvel, intitulé "Miero".

"Miero" est le dixième album studio de Värttinä et c'est aussi le plus osé.
Il faut dire que dans le genre gonflé, le groupe ne vient rien de faire
moins que de composer une large partie de la musique de la version théâtrale
anglaise du "Seigneur des Anneaux". Comme Värttinä était déjà, et depuis
longtemps, un phénomène discographique et culturel dans sa Finlande natale,
le voici maintenant en passe de devenir un phénomène mondial. Un détail ne
trompe d'ailleurs pas. "Miero" est sorti sur le label "Realworld" conduit
par Peter Gabriel, ce qui en dit assez long sur la valeur de Värttinä et
l'amour que l'ex-leader de Genesis place dans son nouvel album.

Värttinä existe depuis 1983. A ses débuts, il ne s'agissait que d'une toute
petite formation folklorique formée par deux très jeunes soeurs, Sari et
Mari Kaasinen, ainsi que par leur mère Pirkko, des habitantes de Rääkkylä,
un tout petit village de Carélie, une région du sud-est de la Finlande.
S'accompagnant au kantele, un instrument élevé au rang de cithare nationale,
leur seule réelle originalité était de mettre un point d'honneur à ne pas
chanter en finlandais mais en finno-ougrien, une ancienne langue scandinave
un tantinet oubliée.

Tout aurait pu rester ainsi si cette toute petite formation n'avait pas eu
rapidement un certain retentissement régional puis national. D'autant que
parallèlement Värttinä devint vite une solide troupe comptant 15 chanteuses
kantelistes et 6 multi-instrumentistes.
Dès sa première apparition en 1987 au Kaustinen Folk Music Festival, qui est
le festival folk finlandais de référence, Värttinä fit si fort dans le style
exubérant et audacieux qu'il se vit tout de suite promu au grade de "groupe
de l'année". Ce qui ne fut qu'un prélude à la sortie cette même année 1987
d'un premier album, nommé très simplement "Värttinä", qui bien que composé
uniquement de chansons anciennes arrangées d'une manière scrupuleusement
traditionnelle n'en fut pas moins un énorme succès et une date dans le
retour des finlandais vers leurs racines musicales. "Musta Lindu", le
deuxième album de Värttinä, sorti en 1989 et tout aussi rigoureusement
traditionnaliste que son prédécesseur, ne fit que confirmer le statut du
groupe comme champion du renouveau de la chanson folklorique finlandaise.

En 1990, deux événements marquèrent l'histoire de Värttinä. D'abord la
plupart de ses membres en partirent, les soeurs Kaasinen ayant décidé de
changer grandement l'orientation du groupe, ce qui le réduisit à une poignée
d'irréductibles fidèles augmentés dans leur nombre par quelques musiciens
réputés de la scène finlandaise. Et tout ceci conduisit Värttinä vers son
deuxième fait marquant pour cette année 1990, la sortie de son album "Oi
Dai". Car cet opus signifia la fin de l'ère purement traditionnaliste de
Värttinä et le début d'une époque où le groupe allait mélanger folklore et
pop/rock. Avec un sucès foudroyant. Car l'album ne mit pas longtemps à être
certifié disque de platine. Et plus de 25 ans après sa sortie, "Oi Dai"
reste la référence finlandaise absolue dans son genre.

En 1992, l'album suivant, "Seleniko", fut tout de même un très digne
successeur puisqu'il resta en Finlande, et trois mois de suite, en tête des
ventes d'albums folkloriques. C'est d'ailleurs en jouant cet album que
Värttinä fit ses premiers concerts aux USA, avec une telle réussite que la
liste des dates fut rapidement augmentée jusqu'à se transformer en véritable
tournée.
"Aitara", sorti en 1994, accentua encore le côté rock de Värttinä, ainsi que
l'implication des membres du groupe dans la composition musicale et
l'écriture de paroles ne devant rien à la tradition. Ces nouvelles tendances
allèrent de paire avec celle, nouvelle aussi, de Värttinä à participer à
divers projets internationaux extérieurs à la simple notion de folkore.

Suivirent "Kokko", en 1996 et "Vihma", en 1998, qui installèrent
définitivement Värttinä au rang de monument national et de meilleur
représentant musical de la Finlande dans le monde.
Et pour fêter avec faste l'an 2000, le groupe s'offrit même pour la
production de son huitième album, "Ilmatar", les services très renommés de
l'ex-Malicorne Hugues de Courson, célèbre pour son "Mozart in Egypt".
L'addition d'un producteur si enclin à l'aventure et d'un Värttinä déjà très
versé dans les explorations les plus téméraires du genre folklore-rock ne
put que faire de "Ilmatar" un album aux frontières de l'imaginable dans le
style. Harmonies vocales encore plus acrobatiques, parties de percussions
encore plus complexes, arrangements instrumentaux encore plus hallucinants
et production top-niveau, "Ilmatar" outrepassa techniquement tout ce que
Värttinä avait pu sortir auparavant. Et l'accueil de cet album fut si
chaleureux, même lors de la tournée mondiale que Värttinä accomplit ensuite
pour le promouvoir, que le groupe décida d'offrir à son public son premier
(et fantastique) live, intitulé "6.12" du fait qu'il fut enregistré un 6
décembre (2000, à Helsinki).
Néanmoins, et pour honorer comme il se devait son 20ème anniversaire,
Värttinä fit encore plus mieux en 2003 avec la sortie de "Iki", son neuvième
album studio et le dernier jusqu'à récemment. Il faut avouer que la
formation, malgré d'innombrables changements de membres au cours de son
existence, et notamment le départ de Sari Kaasinen en 1996, n'avait
paradoxalement jamais paru aussi soudée que dans "Iki". Dès lors, avec moins
de tensions au sein du groupe, Värttinä a pu nous livrer son album tout à la
fois le plus cohérent et le plus inventif.
Et comme si cela ne suffisait pas au bonheur nouveau de ce groupe, la même
année 2003 il se vit offrir de participer, en compagnie du compositeur
indien A.R. Rahman, à l'élaboration de la musique d'une adaptation théâtrale
du "Seigneur des Anneaux". Ce travail commencé en octobre 2003 ne sera
achevé qu'en 2005, la première mondiale étant prévue le 23 mars 2006 à
Toronto avant que le spectacle ne s'installe à Londres, les premières
représentations devant avoir lieu dès le printemps 2007. Mais avant même que
le public londonien n'ait pu voir quoi que ce soit du spectacle, il aura eu
certainement et largement l'occasion d'en écouter la musique. Car l'
enregistrement de son album original est déjà programmé pour cet été 2006.
Nul doute que la sortie de celui-ci début 2007 contribuera à faire connaître
et apprécier Värttinä d'un auditoire bien plus étendu que celui des amateurs
de folklore.

En attendant cette manière de consécration, voilà qui a dû libérer le groupe
de tout souci de succès immédiat quand il a enregistré "Miero", son dixième
et tout nouvel album paru le 30 janvier dernier. Car Värttinä, et Mari
Kaasinen en tête, ayant toujours été la principale compositrice et parolière
de la formation, avait tout à fait dans l'idée de réaliser avec ce nouvel
album une sorte de "Seigneur des Anneaux-l'album" avant la lettre. A preuve
l'atmosphère magique, haletante et cruelle de ce "Miero" qui se permet en
plus toutes les audaces harmoniques, rythmiques et stylistiques. Pour autant
Värttinä n'en est pas devenu un groupe de musique expérimentale. C'est
toujours un groupe de folk/rock avec voix et instruments mais dominant
tellement son sujet qu'il le transcende totalement. Et c'est surtout, ceci
restant l'essentiel, une formation nous livrant son dixième sublime album
studio remplit à craquer de mélodies puissantes ou délicates mais
continuellement envoûtantes.
Cédric HORBLIN
2006-02-15 23:34:19 UTC
Permalink
J'en ai 2 disques.
Mozart in Egypt existe en version française (Mozart l'Egyptien) !
Post by Frederic Gerchambeau
Värttinä - De la lointaine Carélie au "Seigneur des Anneaux"
Ecrit par Frédéric Gerchambeau
http://perso.wanadoo.fr/frederic.gerchambeau/index.htm
http://perso.wanadoo.fr/frederic.gerchambeau/2s-1.htm
///////////
Vu de France, des noms de groupes comme Garmarna, Hedningarna ou Värttinä ne
disent franchement rien. Ils sont pourtant dans leur genre, en Suède et en
Finlande, l'équivalent d'un de nos Alan Stivell ou Tri Yann. Voilà une
excellente raison de nous intéresser à l'un de ces groupes, Värttinä, qui
vient justement de sortir son nouvel, intitulé "Miero".
"Miero" est le dixième album studio de Värttinä et c'est aussi le plus osé.
Il faut dire que dans le genre gonflé, le groupe ne vient rien de faire
moins que de composer une large partie de la musique de la version théâtrale
anglaise du "Seigneur des Anneaux". Comme Värttinä était déjà, et depuis
longtemps, un phénomène discographique et culturel dans sa Finlande natale,
le voici maintenant en passe de devenir un phénomène mondial. Un détail ne
trompe d'ailleurs pas. "Miero" est sorti sur le label "Realworld" conduit
par Peter Gabriel, ce qui en dit assez long sur la valeur de Värttinä et
l'amour que l'ex-leader de Genesis place dans son nouvel album.
Värttinä existe depuis 1983. A ses débuts, il ne s'agissait que d'une toute
petite formation folklorique formée par deux très jeunes soeurs, Sari et
Mari Kaasinen, ainsi que par leur mère Pirkko, des habitantes de Rääkkylä,
un tout petit village de Carélie, une région du sud-est de la Finlande.
S'accompagnant au kantele, un instrument élevé au rang de cithare nationale,
leur seule réelle originalité était de mettre un point d'honneur à ne pas
chanter en finlandais mais en finno-ougrien, une ancienne langue scandinave
un tantinet oubliée.
Tout aurait pu rester ainsi si cette toute petite formation n'avait pas eu
rapidement un certain retentissement régional puis national. D'autant que
parallèlement Värttinä devint vite une solide troupe comptant 15 chanteuses
kantelistes et 6 multi-instrumentistes.
Dès sa première apparition en 1987 au Kaustinen Folk Music Festival, qui est
le festival folk finlandais de référence, Värttinä fit si fort dans le style
exubérant et audacieux qu'il se vit tout de suite promu au grade de "groupe
de l'année". Ce qui ne fut qu'un prélude à la sortie cette même année 1987
d'un premier album, nommé très simplement "Värttinä", qui bien que composé
uniquement de chansons anciennes arrangées d'une manière scrupuleusement
traditionnelle n'en fut pas moins un énorme succès et une date dans le
retour des finlandais vers leurs racines musicales. "Musta Lindu", le
deuxième album de Värttinä, sorti en 1989 et tout aussi rigoureusement
traditionnaliste que son prédécesseur, ne fit que confirmer le statut du
groupe comme champion du renouveau de la chanson folklorique finlandaise.
En 1990, deux événements marquèrent l'histoire de Värttinä. D'abord la
plupart de ses membres en partirent, les soeurs Kaasinen ayant décidé de
changer grandement l'orientation du groupe, ce qui le réduisit à une poignée
d'irréductibles fidèles augmentés dans leur nombre par quelques musiciens
réputés de la scène finlandaise. Et tout ceci conduisit Värttinä vers son
deuxième fait marquant pour cette année 1990, la sortie de son album "Oi
Dai". Car cet opus signifia la fin de l'ère purement traditionnaliste de
Värttinä et le début d'une époque où le groupe allait mélanger folklore et
pop/rock. Avec un sucès foudroyant. Car l'album ne mit pas longtemps à être
certifié disque de platine. Et plus de 25 ans après sa sortie, "Oi Dai"
reste la référence finlandaise absolue dans son genre.
En 1992, l'album suivant, "Seleniko", fut tout de même un très digne
successeur puisqu'il resta en Finlande, et trois mois de suite, en tête des
ventes d'albums folkloriques. C'est d'ailleurs en jouant cet album que
Värttinä fit ses premiers concerts aux USA, avec une telle réussite que la
liste des dates fut rapidement augmentée jusqu'à se transformer en véritable
tournée.
"Aitara", sorti en 1994, accentua encore le côté rock de Värttinä, ainsi que
l'implication des membres du groupe dans la composition musicale et
l'écriture de paroles ne devant rien à la tradition. Ces nouvelles tendances
allèrent de paire avec celle, nouvelle aussi, de Värttinä à participer à
divers projets internationaux extérieurs à la simple notion de folkore.
Suivirent "Kokko", en 1996 et "Vihma", en 1998, qui installèrent
définitivement Värttinä au rang de monument national et de meilleur
représentant musical de la Finlande dans le monde.
Et pour fêter avec faste l'an 2000, le groupe s'offrit même pour la
production de son huitième album, "Ilmatar", les services très renommés de
l'ex-Malicorne Hugues de Courson, célèbre pour son "Mozart in Egypt".
L'addition d'un producteur si enclin à l'aventure et d'un Värttinä déjà très
versé dans les explorations les plus téméraires du genre folklore-rock ne
put que faire de "Ilmatar" un album aux frontières de l'imaginable dans le
style. Harmonies vocales encore plus acrobatiques, parties de percussions
encore plus complexes, arrangements instrumentaux encore plus hallucinants
et production top-niveau, "Ilmatar" outrepassa techniquement tout ce que
Värttinä avait pu sortir auparavant. Et l'accueil de cet album fut si
chaleureux, même lors de la tournée mondiale que Värttinä accomplit ensuite
pour le promouvoir, que le groupe décida d'offrir à son public son premier
(et fantastique) live, intitulé "6.12" du fait qu'il fut enregistré un 6
décembre (2000, à Helsinki).
Néanmoins, et pour honorer comme il se devait son 20ème anniversaire,
Värttinä fit encore plus mieux en 2003 avec la sortie de "Iki", son neuvième
album studio et le dernier jusqu'à récemment. Il faut avouer que la
formation, malgré d'innombrables changements de membres au cours de son
existence, et notamment le départ de Sari Kaasinen en 1996, n'avait
paradoxalement jamais paru aussi soudée que dans "Iki". Dès lors, avec moins
de tensions au sein du groupe, Värttinä a pu nous livrer son album tout à la
fois le plus cohérent et le plus inventif.
Et comme si cela ne suffisait pas au bonheur nouveau de ce groupe, la même
année 2003 il se vit offrir de participer, en compagnie du compositeur
indien A.R. Rahman, à l'élaboration de la musique d'une adaptation théâtrale
du "Seigneur des Anneaux". Ce travail commencé en octobre 2003 ne sera
achevé qu'en 2005, la première mondiale étant prévue le 23 mars 2006 à
Toronto avant que le spectacle ne s'installe à Londres, les premières
représentations devant avoir lieu dès le printemps 2007. Mais avant même que
le public londonien n'ait pu voir quoi que ce soit du spectacle, il aura eu
certainement et largement l'occasion d'en écouter la musique. Car l'
enregistrement de son album original est déjà programmé pour cet été 2006.
Nul doute que la sortie de celui-ci début 2007 contribuera à faire connaître
et apprécier Värttinä d'un auditoire bien plus étendu que celui des amateurs
de folklore.
En attendant cette manière de consécration, voilà qui a dû libérer le groupe
de tout souci de succès immédiat quand il a enregistré "Miero", son dixième
et tout nouvel album paru le 30 janvier dernier. Car Värttinä, et Mari
Kaasinen en tête, ayant toujours été la principale compositrice et parolière
de la formation, avait tout à fait dans l'idée de réaliser avec ce nouvel
album une sorte de "Seigneur des Anneaux-l'album" avant la lettre. A preuve
l'atmosphère magique, haletante et cruelle de ce "Miero" qui se permet en
plus toutes les audaces harmoniques, rythmiques et stylistiques. Pour autant
Värttinä n'en est pas devenu un groupe de musique expérimentale. C'est
toujours un groupe de folk/rock avec voix et instruments mais dominant
tellement son sujet qu'il le transcende totalement. Et c'est surtout, ceci
restant l'essentiel, une formation nous livrant son dixième sublime album
studio remplit à craquer de mélodies puissantes ou délicates mais
continuellement envoûtantes.
Loading...